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21/05/2015

La finance vampirise l'économie réelle : d'où le chômage et la panne d'innovation dans les entreprises

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...conséquences de la tyrannie spéculative ! 

L'ultralibéralisme ronge ses propres bases :


 

 

Bernard Guilhon, professeur à Skema Business School (Lille), fait le point* des recherches américaines récentes qui mesurent « l'ampleur du processus de captation de valeur » issu de la « nouvelle culture (?) centrée sur les performances financières des entreprises et assise sur une logique de rendement à court terme ». Processus lié, souligne Guilhon,  aux « mécanismes de financement et d'allocation des ressources reconfigurés par la finance »... Extraits :

 

<< La relation de financement a, de fait, été inversée : alors que le marché des actions est censé, dans la théorie économique, financer les entreprises industrielles, ce sont ces dernières qui ont financé la Bourse à hauteur de 399 milliards de dollars par an sur la période 2005-2014... Ces pratiques sont en grande partie responsables de la croissance des inégalités, de l'instabilité de l'emploi et de la baisse de la capacité d'innovation. >>

 

 << La fonction d'innovation est mise en péril par la contraction des dépenses de recherche et développement dans les entreprises cotées... Sur la période 2004-2013, Amgen et Pfizer ont dépensé respectivement 108 % et 126 % de leur revenu net en rachat d'actions et dividendes. A supposer que la productivité de la R&D soit faible, on peut se demander pourquoi ces entreprises n'ont pas accru leurs investissements dans la recherche fondamentale, ce qui leur aurait permis d'étendre leur base de connaissances. >>

  

<<  Un rapport de l'AAAS**, publié en 2014, évoque une crise aiguë de la compétitivité américaine et souligne les rôles étroitement complémentaires du gouvernement fédéral, des universités, des Etats fédérés, de la philanthropie et des entreprises dans la mise en oeuvre de la R&D. La dernière branche de ce pentagramme, est, selon le rapport, abîmée parce que « la culture de l'entreprise, aujourd'hui, ne récompense pas l'investissement à long terme ».  >> ***

  

<< En l'espace de dix ans, IBM a abaissé son ratio dépenses de R&D sur ventes de 7,1 % à 5,6 % et a affecté 113 % de son revenu net à des rachats d'actions et versements de dividendes. Après des compressions massives de personnel, son objectif affiché a été d'atteindre, par les rachats d'action, un bénéfice d'au moins 20 dollars par action à la fin de 2015... De son côté, Hewlett-Packard a dépensé 133 % de son revenu net en opérations financières entre 2004 et 2013... La profitabilité a été restaurée en comprimant les effectifs de 17 800 personnes. Une deuxième vague de licenciements de 50 000 salariés a été annoncée en mai 2014.  >>

  

 

► Quoique professeur d'économie dans une business school, Guilhon conclut que « sans un encadrement très strict (par qui ?) des pratiques financières », les entreprises ne parviendront pas à réorienter leurs profits vers l'économie réelle et le facteur humain. A ce compte, le système va s'autodétruire.

 

► La tyrannie financière (l'argent vampirisant l'économie) est le stade suprême du capitalisme dérégulé, c'est-à-dire laissé à lui-même. Certains s'obstinent à dire que la crise globale vient d'une dérégulation encore insuffisante : c'est ce que M. Hollande professe sans le dire, et que M. Sarkozy proclame en attendant mieux ! A ceux-là, opposons le diagnostic du pape François mettant en garde (dans La joie de l'Evangile) contre « une confiance grossière et naïve dans la bonté de ceux qui détiennent le pouvoir économique et dans les mécanismes sacralisés du système économique dominant ».

 

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* Le Monde Eco & Entreprises, 21/05. 

** American Academy of Arts & Sciences. 

*** Ce dont se navre M. Macron dans son article du 24 avril. Encore un qui déplore les effets dont il chérit la cause...

 

  

Commentaires

TRANSES

> "La joie de l'Evangile" : le document qui a causé au cardinal Burke un effroi métaphysique ?
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Écrit par : J. Sarda / | 21/05/2015

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